Le projet « Trois Mers » en Europe de l’Est adoubé par Donald Trump
07-07-2017

 

Ce projet rassemble douze pays de l’Union Européenne - l'Autriche, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie – signataires d’un accord en 2016 pour améliorer leur coopération économique et créer une nouvelle alliance énergétique. Situés entre trois mers : la mer Adriatique, Baltique et Noire, les états concernés ont donc choisi de nommer leur alliance « Trois Mers».

Le principal objectif de ce projet est  la construction d’un «corridor» reliant un terminal de gaz naturel liquéfié sur la côte baltique de Pologne avec un terminal sur une île croate en Adriatique pour se libérer de la dépendance au gaz russe. Cette domination économique rend ces pays, anciennement sous le joug de l’URSS, plus vulnérables aux pressions politiques de Moscou. Les vestiges du concept repose sur l'idée non réalisée du leader militaire polonais de l'entre-deux-guerres, Jozef Pilsudski, pour une fédération dirigée par Varsovie entre les mers de la Baltique et de la mer Noire pour contrer l’expansionnisme allemand et russe.

Donald Trump a assisté au sommet de la « Three seas initiative » ce jeudi 6 juillet 2017 à Varsovie en présence d’Andrzej Duda et des autres chefs d’états intégrés au projet.

Le but de cette visite était double et servait les intérêts des gouvernements polonais et américain :

  • enjeux économiques : Les États-Unis souhaitent alimenter le futur gazoduc des pays d’Europe de l’Est avec la vente de leur gaz. De plus, la Pologne va signer des contrats pour acheter des armements américains.
  • enjeux politiques : Washington et Varsovie partagent des valeurs idéologiques communes et se retrouvent avec deux « adversaires » communs sur la scène internationale.

1.       Le couple franco-allemand : Donald Trump subit un rejet diplomatique d’Angela Merkel et Emmanuel Macron depuis son annonce de retrait de l’Accord de Paris sur le climat. Il en est de même pour la Pologne et ainsi que la Hongrie qui sont pointés du doigt par Bruxelles suite à leur refus d’accueillir des réfugiés. La Commission Européenne les a menacés de sanctions économiques s’ils continuaient à refuser le quota de migrants qu’ils leur a été imposé. En outre, durant sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait annoncé vouloir sanctionner la Pologne suite à la délocalisation de Whirpool, le fabricant d’électroménager ayant décidé de s’installer à Lódz en raison d’une main d’œuvre plus compétitive.

 

2.       La Russie : Cette puissance très menaçante pour les pays de l’Est détient un moyen de pression avec la livraison de ses ressources énergétiques.  La Russie est le premier fournisseur d’hydrocarbures de l’Union européenne. L’emplacement des pipelines  peut s’avérer être un outil géostratégique redoutable et la mise en service de la ligne North Stream établit entre les champs gaziers russes pour alimenter l’Allemagne via la mer Baltique a été conçu dans le but de contourner les pays d’Europe Centrale. De ce fait, le gaz russe peut être livré aux allemands sans traverser les pays tels que l’Ukraine et la Pologne. Si le Kremlin le souhaite; il peut ainsi cesser d’approvisionner les pays d’Europe de l’Est tout en préservant ses échanges avec l’Allemagne.

Gazprom a déclaré avoir exporté 49,8 milliards de mètres cubes (bcm) de gaz vers l’Allemagne en 2016, dépassant un record de 45,3 milliards de mètres cubes en 2015.